Petit-fils du chancelier Konrad Adenauer, Stephan Werhahn milite pour une relance de la construction européenne et un traitement plus efficace de la crise migratoire.
Peut-on retrouver la volonté de construire l'Europe ?
Nous vivons un moment d’urgence. Il n’y a pas d’autre choix que de nous unir face à une Amérique du « moi d’abord », à la montée des Etats autocratiques qui nous entourent, et pour répondre aux défis posés par l’Afrique et la Chine. Il faut, comme le disait Robert Schuman, des réalisations concrètes et une solidarité de fait. Nous devons avoir une stratégie commerciale vis-à-vis des Etats-Unis et une stratégie industrielle à l’égard de la Chine.
Comment motiver les Européens ?
Il est nécessaire de revitaliser l’idée d’une Europe à valeur ajoutée. Nous avons construit au cours des siècles des démocraties, la règle de droit, un cadre multilatéral. Il faut maintenant créer un mouvement politique pour l’Europe , avec des listes transnationales , où l’on défende un modèle d’économie de marché social à l’instar de l’ancien chancelier allemand, Ludwig Erhard. Il est très important de créer une opinion publique à l’échelle européenne. Les régions doivent être mobilisées et pour cela nous allons avoir besoin d’une Constitution européenne . Tout doit se faire en parallèle, simultanément, parce que des résultats concrets sont nécessaires pour gagner les élections contre les populistes. Mais il faut aussi une stratégie pour l’Europe à long terme, avec comme objectif de former une république européenne.
Y a-t-il une bonne façon de gérer la question des migrants ?
Il est nécessaire de reprendre le contrôle des frontières de l’Europe. Plus nous saurons sécuriser nos frontières, moins le discours populiste prendra. Du coup, on aura un climat plus apaisé. Les petites et moyennes entreprises dans les pays où il y a un manque de main-d’oeuvre, comme c’est déjà le cas en Allemagne, pourront choisir parmi les migrants ceux qu’elles veulent former et embaucher.
Nous avons besoin de pacifier le débat. Il faut bien admettre que nous avons complètement laissé tomber les Grecs et les Italiens. Les aider mieux n’est pas suffisant, il faut aussi un « plan Marshall » pour l’Afrique. Nous ne faisons pas assez . Et il faut le faire avec un esprit commercial. Il faut que la Banque mondiale et la Banque européenne d’investissement (BEI) financent des projets d’infrastructures, exactement comme les Chinois le font.